Article 2 : Stress avant compétition

Publié le par impact

Qu’est-ce que le stress exactement ?

Il en existe plusieurs formes. Celui dont nous allons parler aujourd’hui est la nervosité que peut ressentir un athlète avant une compétition importante. Ce stress là vous fait anticiper le combat parfois plusieurs semaines à l’avance. Vous dormez mal, avez des difficultés à vous concentrer dans vos activités quotidiennes, pensez souvent au combat et en avez des images qui tournent en boucle dans votre tête. Ce stress et son cortège de symptômes en tous genres (souffle coupé, palpitations, sueurs, nausée…) vous fatigue, peut provoquer en vous des sentiments de découragement et l’envie parfois que « ce soit déjà fini ».

Tâchons de voir ce qui se passe exactement :

Plutôt que de percevoir l’échéance comme un défi, vous la percevez comme une menace. Et cette menace est peut-être même ce qui vous motive à l’entraînement. En effet, les personnes à tendance anxieuse sont la plupart du temps très scrupuleuses dans leur préparation, anticipant ce qu’un manque d’entraînement pourrait leur en coûter. Elles ont la capacité de se focaliser sur tous les risques qui pourraient advenir et de prendre les mesures qui s’imposent pour y remédier. C’est le « bon côté du stress ». Seulement, lorsque la pression devient trop forte, cette façon d’anticiper le pire à tout moment et spécialement à l’approche de la compétition peut vous faire perdre vos moyens et arriver à l’effet inverse.

Par exemple, à vous focaliser uniquement sur les dangers que vous imaginez, vous risquer de fausser votre préparation en insistant sur des aspects qui vous seront peu utiles lors de la compétition : vous êtes spécialiste de la savate et devez rencontrer un adversaire en thaï. Vous anticipez, sans doute à juste titre, les corps à corps que vous ne maîtrisez pas autant que votre adversaire. A J – 7 vous voyez des avant scènes du combat qui se jouent dans votre tête où vous vous retrouvez en corps à corps avec l’adversaire. Votre entraîneur a beau vous préparer globalement à la rencontre, vous ne retenez de ses messages que ce qui confirme vos craintes.

Seulement le jour J, votre adversaire vous lacère avec ses low-kicks et vous ne le voyez pas car votre crainte ne vous fait voir que le risque de vous retrouver dans une trop grande proximité avec votre adversaire. Vous n’entendez pas ou mal les conseils de votre entraîneur, ne réagissez pas, continuez de repousser votre adversaire qui en profite pour vous laminer les jambes.

Voilà comment, à cause du stress, et avec la volonté de gérer mentalement, de contrôler et d’anticiper à l’avance toutes les situations qu’on imagine « à risque », on peut passer complètement à côté de son combat, ne pouvant pas s’adapter à la part d’imprévisible inévitable. S’adapter à cette part d’imprévisible suppose en effet que l’on ne soit pas focalisés uniquement sur certains aspects, mais assez « zen » et lâcher prise pour être ouverts à tout ce qui pourrait survenir lors du combat, tant les réactions de l’adversaire que vos propres réactions qui pourront parfois vous étonner dans le sens positif du terme.

 

Amis coachs anxieux : vous pouvez facilement reprendre toutes les lignes qui précèdent à votre compte en remplaçant le mot « athlète » par le mot « coach ».

 

Comment enrayer ce cercle vicieux ?

 

Avant tout, il s’agit de bien identifier la cause de votre stress. Ainsi, la peur de l’échec peut en cacher bien d’autres. Parmi celles-ci, par exemple :

-         la peur de perdre la face devant son entourage (amis, fans…) ;

-         peur de décevoir son coach ou ses proches ;

-         peur de rentrer dans une série ininterrompue d’échecs successifs…

 

Les techniques de désensibilisation systématique, et de la flèche descendante à travers laquelle le pire du pire est mis à jour, empruntées aux Thérapies Comportementales et Cognitives, sont particulièrement efficaces pour mettre à jour la crainte la plus profonde et propre à chacun. Ces techniques s’avèrent de très bons outils diagnostics car ils permettent de mettre en évidence tout le scénario catastrophe interne qui guide vos réactions.

 

Ces techniques permettent, de surcroît, de se désensibiliser de la peur, c'est-à-dire de diminuer de bonne part la réponse anxieuse. Par ailleurs, une fois la crainte réelle identifiée (par exemple décevoir un de ses proches), des solutions peuvent être trouvées via des techniques de résolution de problème afin de minimiser l’impact de celle-ci sur la performance du boxeur (par exemple éviter l’influence des personnes proches avant compétition, apprendre à mieux communiquer ses besoins à ses proches, apprendre à gérer concrètement un après échec dans ses relations aux autres, et les questions qu’ils sont susceptibles de poser, revoir la valeur accordée à la réussite versus l’échec, etc…).

 

Une autre méthode de plus en plus utilisée dans le champ de la préparation mentale est empruntée aux thérapies basées sur la pleine conscience ou "mindfulness". Contrairement à l’approche TCC qui est axée avec une méthode spécifique sur une crainte spécifique, la méthode mindfulness est une approche globale, non centrée sur le problème, mais qui a un effet à « large spectre », permettant de répondre à de nombreuses difficultés en même temps qui parfois n’étaient même pas identifiées par l’athlète. Voici ci-dessous différentes applications des techniques basées sur la pleine conscience :

 

Description des méthodes basées sur la pleine conscience :

-         la mindfulness consiste  à porter son attention de façon délibérée sans jugement de valeur et dans une attention ouverte sur le moment présent. Quand le stress nous fait anticiper des scènes futures ou ruminer des scènes passées et nous déconcentre de notre objectif (voire article 3), la mindfulness est un entraînement à ramener encore et toujours notre esprit là où nous souhaitons qu’il soit. Ce principe, simple en apparence, demande pourtant un certain entraînement avant d’être appliqué avec succès.

-         Un deuxième « principe actif » de la mindfulness est d’apprendre à considérer nos pensées comme de simples événements mentaux qui vont et qui viennent dans notre esprit et non comme des réalités à suivre aveuglément. Avec un peu d’entraînement là encore, nous pouvons voir avec plus de clarté l’ensemble des pensées et des craintes qui parfois nous submergent et apprenons à prendre du recul vis-à-vis d’elles. Ainsi, nous ne nous laissons plus guider par les vieux refrains de notre mental qui guident nos faits et gestes habituellement. Reste de la place dans notre cerveau pour considérer d’autres points de vue et d’autres façons d’agir et de réagir.

-         Par des exercices formels au cours desquels l’attention est portée vers le corps comme objet privilégié de concentration, la mindfulness vous amène à découvrir comment votre corps fonctionne, lui qui est le siège privilégié des émotions (dont fait partie le stress) et des tensions de nature physique ou psychologique. Force est de constater que le corps est parfois le grand oublié des sportifs eux-mêmes, souvent utilisé de façon utilitaire, comme objet à sculpter en fonction des objectifs de performance, dans une méconnaissance de certains de ses potentiels inexploités mais également dans le déni de certaines de ses limites. La mindfulness permet ainsi d’apprendre à faire confiance en la capacité de notre corps de trouver ses propres solutions et de s’adapter en toutes circonstances, ce qui est une habileté essentielle dans la discipline pugilistique ou la part d’imprévisible en compétition est prépondérante. Or, comme nous l’avons vu, le stress est une tentative d’adaptation qui tente d’exercer un contrôle sur ce qui est incontrôlable. On tente, en anticipant par la pensée le risque présumé, de trouver des solutions et de s’adapter. Pourtant, le pourcentage de chances pour que ce que l’on a anticipé se produise effectivement est minime. Notre tentative est donc, la plupart du temps, vouée à l’échec. La mindfulness nous invite à abandonner ces tentatives de contrôle lors de pratiques formelles et à simplement voir ce qui se passe. En lâchant le besoin de tout contrôler par l’activité cérébrale, la personne peut prendre confiance en ses propres ressources hors de sa capacité logique à tout résoudre par le raisonnement. La transposition avec la situation de compétition est la seconde étape, afin de pouvoir mettre à profit les enseignements tirés des expériences formelles de pleine conscience en compétition.

 

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